Lundi 13 Décembre, J+27 "Melbourne Skydeck Tower"
Un soleil d'enfer, comme une envie d'aller bronzer à la plage ! Je suis allé à St Kilda, à 10min de tram, une plage urbaine, rien de bien grandiose. Ca sentait vaguement la marrée et y'avait des particules de je ne sais quoi à la surface de l'eau qui avait aussi une drôle de couleur... M'enfin le soleil était là pour me tanner la peau,c 'est le principal.
Retour à la résidence, et frustrée de n'avoir pas pu me baigner à St Kilda, comme il faisait encore chaud, piscine ! Et c'est là qu'à 2 jours de quitter Melbourne j'ai fait la connaissance de Robbie.
Robbie ? En apparence, typiquement le genre de mec que je fuis en France. Le genre à exhiber ses tatouages à la piscine, à faire le fanfaron en espérant qu'on le regarde, le genre draguer à la vollée tout ce qui bouge, et à écouter du hip-hop R&B à fond les ballons dans sa Xantia tunée... Mais bon... Il me parle, je répond, il a un vrai bon gros accent australien, je pige rien à ce qu'il me raconte. Il me demande ce que je fais ce soir, je lui dis que je voulais aller en haut de la skydeck tower, la plus grande tour de Melbourne pour voir le coucher de soleil sur la ville et toutes les lumières des rues s'allumer. Il me propose de m'accompagner, je me dis qu'après tout, parler anglais avec un vrai australien, ça ne peut être que bénéfique, et comme je pars dans 2 jours, même si je trouve qu'il craint un peu, j'ai pas grand chose à perdre, et j'ai rien de mieux à faire, alors allons-y !
Finalement, pendant cette visite, Robbie a été très agréable, me faisant la visite guidée des quartiers, des monuments... En rentrant il m'a proposé d'aller boire un cocktail de fruits frais dans le parc juste à côté. On est allé chez lui, on a mis plein de fruits et de la vodka dans le blender, on a pris des couvertures et on était partit... et au milieu de nos discutions passionnée sur l'argo australien, j'ai vu un espèce de chat sur une poubelle... Ah mais... MAIS ! Mais c'est pas un chat ! C'est un possum !!
PS : L'argo ? Ah vous en voulez ? Eh bien en voilà !
Whatever dickhead : N'importe quoi tête de gland !
For God's/Fuck's sake ! : Pour l'amour du ciel ! / bordel de dieu !
No shit ! : C'est pas vrai ??
I'm sweet as a peach / I'm peachy / life's peachy ! : J'ai la pêche !
Sweet as ! : nikel ! (…)
To hit a brick wall : Péter un cable
g'day luv ! : Salut chérie !
That's sick as tits ! : C'est aussi bon que des nichons = ça pèèèète !
That's pain in the ass ! / that's rectum ride ! : Ca fait bien chier ! / mal au cul
Mardi 14 Décembre, J+28 "Prison et Barbecue (ça serait un titre de film sympa tiens !)"
Le matin, retour au Victoria Market avec Robbie pour échanger le cadeau de Noël de papa, puis visite de la vieille prison de Melbourne en 2 parties. La première est la vieille Goal, la fameuse prison où certains dangereux criminels ont séjournés et avaient lieu les exécutions par pendaison, dont Ned Kelly, de qui l'histoire a découlé sur plusieurs films dont un avec Johny Depp. Les cellules étaient ridiculement petites et les prisonniers y restaient enfermés 23h par jours, avaient droit à 1 bain par semaine, et ils étaient exécutés sur la potence que vous verrez.
Une des histoires plus particulièrement m'a touché, celle de Colin Campbell Ross qui dirigeait un saloon pas très loin d'où une gamine de 12 ans, Alma Tirtschke, a disparu le 30 décembre 1921. Elle a été retrouvée nue le lendemain matin non loin de là, et une prostituée qui avait une dent contre Ross a dit à la Police qu'elle avait vu la gamine dans le saloon juste avant sa disparition. La police l'a arrêté, et des cheveux ressemblant à ceux de la gamine ont étés retrouvés sur la couette de Ross. Son avocat s'est vu refuser sa demande d'effectuer des tests, et Ross a été condamné à la peine capitale. Il a toujours clamé son innocence, et quelques jours avant son exécution, il a même réussi à faire sortir de la prison un petit message noté sur le verso d'une enveloppe, dans lequel il prenait à témoin la population, leur disant que si un innocent comme lui pouvait être condamné à mort pour un crime qu'il n'avait pas commis, ça pouvait arriver à n'importe lequel d'entre eux. Ce message a été publié dans le Herald 5 jours avant son exécution mais il était déjà trop tard, car à l'époque les crimes touchant les enfants étaient extrêmement rares, la population avait été profondément choquée, et tout le monde était convaincu de sa culpabilité. Cette exécution était en quelque sorte la solution de facilité pour oublier cet événement tragique le plus rapidement possible.
Ross a été exécuté le 24 avril 1922, jurant encore de son innocence au moment du passage de la corde autour de son cou. Ce fut la première et la dernière fois qu'on utilisa une corde à quatre brins dans l'état du Victoria, car pour une pendaison, il y a un vrai travail d'équilibre à calculer entre la nature de la corde, le poids du prisonnier, la hauteur de la chute et encore d'autres paramètres, afin que le décès ait lieu d'un coup sec. Ross a mis entre 8 et 20 minutes à mourir au bout de sa corde selon le rapport médical, suite choc et à la strangulation lente, parce que cette corde n'était pas du tout adaptée. 12 ans plus tard, des enquêteurs ont trouvés d'autres documents, détails et preuves les laissant à penser que Ross était effectivement innocent. Ils ont découverts que les cheveux retrouvés sur la couette existaient toujours et les ont fait analyser. Ce n'étaient pas ceux d'Alma Tirtschke.
L'histoire de Colin Ross est horrible. Cela dit, elle ne m'empêche pas d'être favorable à la peine de mort pour certains crimes trop horribles et définitivement avérés par des preuves multiples et incontestables. Pourquoi ? Parce que nos moyens techniques et scientifiques aujourd'hui ne laisseraient pas passer ce genre d'erreurs futiles, parce que les prisons aujourd'hui sont blindées de criminels de plus en plus dérangés qui coûtent des centaines d'euros par tête et par jour à l'état, et parce que selon moi, un violeur ou tueur multi récidiviste ne mérite même pas d'avoir la chance de vivre. M'enfin rien à voir avec l'Australie, alors j'arrête là.
La 2eme partit était plus drôle et ludique, un sergent nous prenait par petits groupe pour nous faire vivre une mise en garde à vue dans un ancien commissariat un peu plus récent. Nous parlant sèchement, nous faisant nous aligner dos au mur les femmes d'un côté, les hommes de l'autre, poser nos affaires au sol, nous faisant ouvrir la bouche, langue contre le palais pour montrer qu'on avait rien dans la bouche, mains contre le murs pieds levés chacun leur tour, secouage de cheveux pour prouver aussi qu'on y planque rien, puis nous enfermant à double tour dans des cellules et nous plongeant dans le noir pendant plusieurs minutes comme si on vivait une nuit en garde à vue. Après quoi on a eu droit à une vraie visite, tout de même... Mais c'était une expérience sympatoche !
En rentrant de ma balade de prisonnière, on est allé faire des courses pour se faire une barbecue dans le jardin de la résidence le soir avec robbie et ses potes, hyper convivial, on devrait vraiment avoir ce genre d'équipements en France, ça aiderait les gens à communiquer !
Je suis restée à discuter avec Robbie jusqu'à 5h30 du mat, et j'ai découvert qu'il était parfois vraiment débile d'avoir des à priori sur les gens... Au départ je pensais que c'était un beauf extravaguant, et il s'avère finalement être quelqu'un d'extrêmement authentique et démesurément sociable. Cet excès de sociabilité laisse à croire à quelqu'un de superficiel mais pas du tout, il est juste passionné et entier. Il m'a un peu raconté son histoire, il a perdu des tâts de proches dont son père et son fils de 3 mois, j'ai vu des photos, ses tatouages... Je ne m'attendais pas à l'apprécier autant.
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